Olivier Georges Pagès

ECOLE DES BEAUX ARTS. Atelier M. Gaumont, de l’Institut. Il nous fait étudier Chartres, l’Art Africain, Donatello, Verrochio….

Massier de l’atelier, je reçois le tiercé marseillais : Baldaccini (CESAR), Ferraud (spécialiste de l’inox) et Nadal (Ville de Paris).

Nommé professeur à Narbonne, le conservateur du musée m’adopte comme ami et élève. J’encourage la vocation de peintre de feu Hubert Pinaud et d’architecte de L. Dejean.

1949 : Je fonde un Ciné-Club, suis élu membre du Conseil d’Administration de la Fédération en défendant le 7ème Art contre les pédagogues vulgarisateurs (pas de morceaux choisis !).

A Paris, je présente des films au Studio Parnasse avec l’appui de Fernand Léger et Jacqueline Picasso (qui allait renoncer à vivre « avec un monument historique »).

Pour le Ministère de la France d’Outre-Mer, j’illustre les informations pour les Africains : Ponts, puits, élevages et des cartes administratives, migrations, enseignants, batteries de tests.

Pour la société Gaule et sa revue, je me fais rédacteur et illustrateur, interprétant souvent les photos en dessins par économie !

Je corresponds avec les archéologues de l’époque pour établir des cartes. Je coordonne l’édition de la table de Peutinger et contrôle celle de « l’itinéraire d’Antonin » (B.N. et Mazarine). C’est le début de la recherche par avion de Agache.

Pour Gaule, je me fais projectionniste lors des conférences du Chanoine Falchun, spécialiste des Langues Celtiques et de Lazlo Lenghyel, celui du monnayage gaulois et grec. Relations privilégiées avec ces experts.

Je correspond avec Fernand Benoit (de l’Institut) au sujet des côtes de la Provence et avec H.P. Eydoux (exposés archéologiques aux employés de la Préfecture de Police de Paris).

A l’Académie Raymond Duncan, deux orientalistes m’embauchent pour un spectacle de marionnettes (une amie de Georges Bidault). Grand contraste entre la Chine du Nord et l’Indochine, comme entre Belges et Napolitains ! Découverte, rue de Rivoli, des collections de peintures de ces richissimes mécènes.


Marraine spirituelle


Vige Langevin, la fille du graveur illustrateur nantais Jules Grandjouan fut une distinguée professeur de la Ville de Paris. Elle avait préparé les Arts déco avec ma mère. Sa meilleure amie. Elle a entrepris de compléter ma formation quand j’étais élève à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts dans l’atelier de sculpture de Marcel Gaumont, de l’Institut.

Elle m’a présenté à Clifford Ellis, chargé de la réforme de l’enseignement du Dessin en Angleterre à la libération. (Tous deux au British Council). C’est ainsi que j’ai pu faire l’école d’été de la Bath Académy of Art (subventionnée par Lord Methuen). Au Pays de Galles j’ai donc rencontré Armitage, bras droit de Henry Moore, le plus grand sculpteur européen.

La fille ainée de Clifford Ellis vint à Paris chez mes parents et je l’ai convaincue de faire de la sculpture avant la peinture : deux ans après elle sera lauréate du Prix décerné par Malraux pour son « Lieu de Méditation » dans les Wilts.

Chez les Langevin, j’ai rencontré Jean Cassou, directeur du Musée d’Art Moderne qui nous a parlé longuement de Picasso, et W. Sandberg Directeur du Musée d’Amsterdam. Graphiste de vocation, Prix Erasme, chargé plus tard du Musée de Tel Aviv. Introducteur de la peinture moderne (Cobra). Il organisa l’accueil des œuvres d’art par l’Etat hollandais. C’est lui qui avec l’architecte Prouvé suggéra à Pompidou, mon ancien professeur de latin au lycée Henri IV, de s’adresser à Renzo Piano et Richard Rogers pour créer son Musée.

Lors d’un dîner chez eux Alfred Sauvy, commissaire à la Population nous a conté son entrevue avec De Gaulle qui lui avait demandé si La France de Dunkerque à Tamanrasset était possible …

« Si vous le faisiez en incluant le Maghreb dans vingt ans vous seriez le président de l’Europe, mais pour réussir il faut pouvoir réduire de moitié le salaire de vos fonctionnaires ….et Lénine a défini le problème : je ne peux réussir une révolution pacifique qu’avec un corps de fonctionnaires capables et dévoués… Donc ! »

Ce jour là Pompidou succédait au Général, maître de la dissuasion nucléaire, ce qui diminuait sa crédibilité.

Vige Langevin m’avait présenté celle que j’ai épousée. Un soir Pierre Cot a entrepris de lui résumer la Constitution qu’il allait proposer, De Gaulle préférera celle de Debré, mais Suzanne était conquise : voila un homme politique dont le discours est clair et accessible !

Je retrouverai le fils de Pierre Cot en Bretagne (Il sera ministre de la France d’Outre-mer, brièvement), et sa veuve … à Venise !

Néna Cot a eu une fille Françoise Brion, comédienne, de Brion, spécialiste de l’Art abstrait.


Pour faire un soldat, on l’envoie en Afrique, les fonctionnaires font leurs premières armes en Province …


Premier poste à Narbonne


J’ai été reçu aussitôt par le collègue du Classique, Roger Maire, peintre de grand talent, ancien prisonnier, évadé, repris, déporté, évadé du camp de Rava-Ruschka. Un gars du Nord dont l’épouse, avait aussi fait de la peinture. Nos deux couples ont vite fait sensations par leur « exotisme » ! Nous avons lancé des modes ! A Noël les vitrines des commerçants qui nous appréciaient ont fait scandale mais nos élèves, du Classique et du Technique ont adopté notre « Look ». Nous avons échoué à leur faire admettre le football : il n’y en avait que pour le Rugby. J’ai aidé les jeunesses musicales de France avec le docteur Bertrand. Roger Maire et moi, pistonnés par son proviseur avons ouvert un Salon d’Arts Plastiques, et j’ai pu monter un Ciné-club avec Georges Balayé (conseiller culturel de diverses ambassades). Pour la première séance j’avais programmé « Le Cuirassé Potemkine » mais je ne l’ai pas obtenu car la censure, qui datait de 1925 (ma naissance) avait juste été levée et les copies  s’arrachaient! Au congrès de la Fédération des Ciné-clubs j’ai été élu membre du Conseil d’Administration. A Paris j’ai donc été invité au cinquantenaire de la carrière de Gabin, au Gaumont Palace, ou Michèle Morgan est venue représenter le couple mythique de « Remorques ». Nous défendions les Courts-Métrages pour les premières parties de spectacles et les documentaires.

Joris Ivens, Georges Franju « Les Invalides » (refusé par le commanditaire qui voulait du « martial »).  « Le sang des bêtes » dont le commentaire fut dit par Nicole Ladmiral, que l’on voit seulement de dos à la fin, quittant les abattoirs de la Villette. C’était une amie, qui avait posé nue pour une photo, comme modèle pour mon sujet du Concours de Rome.

Hélène Joliot-Curie, elle, fut la tête de la déesse. Malgré le soutien de Landowski, je n’ai pas décroché le prix, mon « patron » en préférait un autre.

Nicole, je l’ai filmée pour un déshabillage au bord de la mer. Elle était accompagnée de Francis Seyrig, qui signera la musique de « L’année dernière à Marienbad » de Resnais, » …. Yves Allégret qui passait devant Bréhat à la recherche d’un lieu de repos pour Simone Signoret, et de tournage pour « Une si jolie petite plage » qu’il tournera en 1949, nous a enlevé Nicole Ladmiral. Elle tournera « Journal d’un Curé de Campagne l’année suivante. Elle se suicidera huit ans plus tard.

J’aimais les vieux films muets, mais aussi les plus récents : Pierre Kast et J. Doniol-Valcroze...





OLIVIER PAGES – né en 1925 à PARIS

  1. - Lycée Henri IV – Bachelier Es Lettres

  2. - Beaux Arts de Paris, section Sculpture : deux médailles, cinq mentions.

  3. - Logiste du Concours de Rome en 1947

  4. - Certificat d’esthétique et Science de l’Art à la Sorbonne

  5. - 1950 « Corsham Court International Summer Scholl » à Bath.

  6. - Ecole Normale Nationale Supérieure de l’Enseignement Technique.

  7. - Professeur de Dessin d’Art, à Narbonne puis à Paris.

  8. - 1980 : Reçoit les Palmes académiques.

  9. - Enseigne l’Histoire de l’art au Lycée d’Arts graphiques Corvisart.

  10. - 1988 : Fête sa retraite au Carnaval de Venise. Spectacle de ses élèves.


BIOGRAPHIE – PAS A PAS – Par Olivier Pagès




Formation, apprentissage, ce qui m’intéresse et que j’ai parfois pu étudier.


Adolescent : l’Egypte et la Grèce (Odyssée) pas les Romains !

Lycéen : La préhistoire, les Egéens, l’art roman, les animaux préhistoriques, l’Anatomie comparée, la Paléontologie, la Géologie.

Le théâtre : souffleur et maquilleur d’une troupe au lycée, on jouait en banlieue, à l’hôpital etc… avec Daniel Ceccaldi, J. Marec

Etudiant : Baudelaire, les romantiques. La sculpture : Rodin, et Bourdelle, car j’avais accès privé à son atelier.

Le Portrait. L’Anatomie. Les Celtes, l’art Gaulois, le monnayage.

Cours du soir à Montparnasse avec Debarre fils, où je découvre Pompon et Malfray. Mon tiercé favori : Moore, Lipchitz (que je rencontrerai chez Lapicque), et Brancusi. Plus tard Gonzalez, Gargallo et Peysner, Marino Marini et Robert Couturier, disciple de Maillol. Je lui succéderai chez le Riverand pour les mannequins Siégel (« Bettina »).